Le paradoxe des nouveaux outils de communication

Ils désinhibent et sont un bon moyen d’échanger. En même temps, s’ils occupent toute la place relationnelle, ils peuvent devenir source d’une solitude plus tragique encore.
Deux choses sont sûres : un nombre significatif de personnes dans le monde se sent seul. Et une solitude subie nuit aux individus et aux entreprises : elle menace la santé publique, tout comme l’obésité ou le tabagisme.
Comme pour ses amis, il importe de trouver les bons outils.

La solitude offre de nombreux avantages
Elle stimule l’imagination, source de créativité et conduit à penser et agir en toute liberté. Evidemment, elle n’est pas toujours vécue de façon aussi positive et peut être douloureuse lorsqu’elle mène à l’isolement. Mais de même que nous pouvons choisir de ne pas fumer ou de surveiller son alimentation, il sera bénéfique de prendre conscience de la quantité et de la qualité de solitude dont nous profitons.

L’isolement est contagieux
La solitude se répand aussi sur les réseaux sociaux : avoir moins de relations nous pousse à nous couper du peu de contacts que nous avons encore, après avoir inoculé ce sentiment d’isolement à nos dernières relations. Tout ceci peut avoir des conséquences pour l’entreprise. Les salariés isolés sont souvent moins impliqués, créatifs et productifs et plus absents.

C’est là qu’entre en scène le PDG de Slack …
Cette appli est une plateforme de communication et de partage de fichiers ; elle est devenue pour beaucoup d’entreprises leur principal outil de communication. Deux points, ouvrez les guillemets*

Le travail requerra à l’avenir une plus grande intelligence émotionnelle
De quoi les gens qui travaillent dans un bureau sont-ils le plus frustrés ? Quand ils ont l’impression de ne pas savoir ce qui se passe : leur confiance chute et leur sentiment d’isolement s’aggrave. L’être humain commence seulement à apprendre comment communiquer et se lier aux autres grâce aux technologies.

La solution, je pense, réside essentiellement dans la transparence.
Les liens entre les individus et la manière dont ils collaborent joueront un rôle de plus en plus important dans le succès des entreprises. Davantage d’interactions et de coordination seront certainement nécessaires. Il faut que les gens puissent voir l’entreprise dans toutes ses strates : avoir accès à ces conversations accroît le sentiment de faire partie d’un tout et d’œuvrer ensemble au bon fonctionnement des opérations.
La technologie peut aussi aider l’entreprise à rendre plus transparente, au quotidien, sa culture. Les individus développent toutes sortes de normes sociales qui les définissent en tant que groupe. Accroître la transparence de ces éléments, qui forment la culture d’une entreprise, augmente le sentiment d’appartenance de ses salariés.

En quoi ce sentiment d’appartenance est-il important pour les relations au travail ?
L’une des raisons pour laquelle le travail représente un antidote possible à la solitude est que nous y passons énormément de temps. C’est généralement là que nous avons le plus de contacts humains. Même si vous n’avez que peu d’interactions en tête-à-tête avec vos collègues, du moment que vous les comprenez et que vous leur faites confiance, votre sentiment d’appartenance augmente et soulage le sentiment de solitude.

La facilité de la communication numérique nuit-elle à la communication menée en chair et en os ?
Le rôle de la communication numérique est de prendre en charge des conversations « à faible bande passante » – les choses sont posées par écrit, inutile de se rappeler des détails, le contenu va droit au but.
Et puis il y a les conversations « à haute bande passante », où sont parfois échangées des informations factuelles comme des statistiques, mais qui surtout requièrent un degré élevé de confiance.
Je pense qu’il va falloir du temps aux gens pour apprendre à véritablement manier la communication numérique. Alors, la communication d’humain à humain n’en prendra que plus de valeur.

* Point, fermez les guillemets. L’interview de Stewart Butterfield a été publiée dans la Harvard Business Review

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