La disparition mardi de l’historien et éditeur Pierre Nora, auteur des Lieux de mémoire, nous rappelle combien l’histoire entretient avec le passé, le présent et l’avenir une relation obstinée. Et si la connaissance du passé nous rendait plus libre ?
Tout le monde s’y intéresse
Qu’il soit intime, individuel, collectif, familial, régional, national ou universel, le passé permet de se situer dans le présent et de se projeter dans le futur. L’imaginer, c’est être capable de regarder derrière soi.
Même si on choisit de l’ignorer, le passé définit notre identité. Nous avons besoin de l’histoire.
Pour contrer le présentisme
Eviter d’être enfermé dans son présent et encombré de son passé. Ne sachant pas quoi en faire, nous préférons nous en désintéresser avec excès ou le commémorer de façon impulsive. Dans les deux cas on n’est pas libre avec ce passé et incapable de comprendre l’avenir.
Pour mieux vivre au présent
Si notre rapport au passé est abîmé, on ne peut plus concevoir notre avenir. Ce qui nous intéresse, et plus encore les jeunes générations, c’est imaginer cet avenir et mieux vivre au présent.
Pour comprendre la complexité de notre temps
Le besoin d’histoire n’est pas un refuge pour s’évader de son temps mais pour nous aider à en comprendre la complexité, la profondeur. Pour vivre plus intensément le présent, il faut comprendre qu’il vient de loin, et parfois de très loin.
Pour une leçon de patience et de modestie
On n’a pas envie de faire les choses, mais qu’elles soient déjà faites. L’histoire n’est pas là pour nous rassurer ou nous conforter dans nos certitudes. Au contraire …
Pour nous inciter à la réflexion
Parce qu’il est bon de douter et de s’inquiéter, au bon sens du terme. L’histoire nous empêche de nous conforter dans l’immobilisme et favorise le mouvement, la remise en question.
Pour réinventer une cause commune
Au lendemain de la seconde guerre mondiale, nous avons partagé une grande espérance et un projet d’avenir pour la société : l’Etat-providence, pour nous protéger. Aujourd’hui, quelle ambition nous motive et nous unit, si ce n’est nous inquiéter du passé ?
L’histoire est la somme des expériences du passé
Pour comprendre et réinventer notre monde, il faut savoir ce qui a fonctionné et, peut-être plus encore, ce qui n’a pas marché.
Presque tout a déjà été tenté. Le savoir, c’est aussi se protéger de ce qui risque de nous arriver.