Avoriaz a 50 ans – Episode 2 : Gérard Brémond, le challenge

Gérard Brémond a 27 ans. Il aime le jazz, en joue, et chronique le premier disque de John Coltrane. Mais en 1964, son père Robert Brémond, promoteur immobilier à Paris, lui confie le projet de création de la station d’Avoriaz dont il a repris la concession à Jean Vuarnet en 1962. (“La montagne, c’est un truc pour les jeunes. Si ça t’intéresse je te donne un peu d’argent que tu me le rendras plus tard. Comme ça tu peux créer ton entreprise” Robert Brémond.)

Avec Avoriaz commence l’épopée d’une aventure immobilière, architecturale et humaine hors du commun.

Il commence par rejeter les plans proposés, trop classiques, pas assez modernes, déjà vus. Prendre des risques ne lui fait pas peur et petit à petit sa vision prend forme. Première mission : concevoir un plan d’urbanisme. Comment ? Avec du culot, du plaisir, de l’imagination pour innover dans tous les domaines. (“Ce qui a fait le succès d’Avoriaz c’est une succession de projets complètement fous”)

 

Gérard Brémond aux débuts d’Avoriaz

Il donne carte blanche à un jeune architecte iconoclaste, Jacques Labro, bientôt rejoint par Jean-Jacques Orzoni. Leur écriture architecturale révolutionnaire est une rupture totale avec l’existant. Il les laissera libres d’élaborer leur projet sans brider leur créativité, acceptant des plans qui ne sont pas les plus rentables en terme de mètres carrés constructibles. (“Ma démarche a été l’anti professionnalisme caractérisé : ni tests, ni enquêtes n’ont précédé la mise en oeuvre de notre action”).

La commune de Morzine, sur laquelle se trouve la station d’Avoriaz, donne 30 ans au promoteur pour aménager les 80 hectares, mais il doit tout prendre en charge : l’hébergement, les remontées mécaniques, les commerces, l’école de ski mais aussi l’entretien des voies, des réseaux, l’éclairage, le courrier … : c’est toute une ville qui est à imaginer, construire et faire vivre, à 1 800 mètres d’altitude, sur un site surplombant une falaise et auquel personne ne croit. Il faut jouer avec les opportunités naturelles qu’offre la station : les rue sont en pente, on en fera des pistes. Les appartements sont exposés au sud, on place les pièces à vivre sur le côté ensoleillé en réalisant d’évidentes économies d’énergie. (Ce qui m’intéressait à l’époque c’était la conception urbanistique et architecturale d’un projet ex-nihilo”, Gérard Brémond.)

Une carte postale de l’époque

Le point faible d’Avoriaz reste son besoin en financement. Toutes les stations perdent de l’argent et le promoteur doit trouver de la trésorerie.

La solution, comme toujours, se trouve dans l’innovation et l’audace. Il lance au début des années 80 un nouveau programme en invitant des banques, des compagnies d’assurance et des sociétés financières à investir pour financer de nouveaux immeubles dont il assure la gestion. C’est un succès. Avoriaz peut continuer à grandir, évoluer, inventer.

Au rythme de deux à trois résidences par an et avec de séduisantes offres d’accession à la propriété, Avoriaz devient une station d’envergure internationale tout en conservant le charme et l’originalité de ses débuts.

Durant les années 1990, Avoriaz s’agrandit encore au prix de travaux impressionnants. Pour respecter les perspectives chères à l’architecture intégrées de Jacques Labro, la crête de la falaise est rabotée de 8 mètres afin d’accueillir 9 nouvelles résidences. De nouvelles résidences continuent à voir le jour qui prolongent l’oeuvre de cet inépuisable bâtisseur.  Fidèles à l’esprit initial des Dromonts si moderne et authentique, ils complètent l’unité d’ensemble de la station. (“Avoriaz est aujourd’hui devenue une station d’envergure internationale.(…) Quelque part Avoriaz est mon bébé, le gamin turbulent, l’adolescent impossible, l’enfant terrible”.)

Avoriaz a reçue en 2003 le label « Patrimoine du  XXème siècle » par le Ministère de la Culture.

La semaine prochaine : Jacques Labro, l’audace

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