A l’heure des big data et des machines qualifiées “d’apprenantes” capables de traiter des volumes de données infinies, un trop grand nombre d’informations disponibles n’est pas forcément bénéfique pour prendre la bonne décision.
“Notre quotidien est alimenté par des milliers de décisions automatiques, réflexes, conditionnements, influences directes (Sébastien Danthé, in “Décider dans un monde complexe”).
Chaque individu (ou groupe d’individus) a une capacité limitée à analyser les informations qui lui parviennent. Notre mémoire tampon ne pourrait traiter de façon simultanée à un instant T que “7 informations plus ou moins 2″ (George A. Miller), chiffre vraisemblablement surestimé selon les dernières recherches.
Un excès de stress
Cette surcharge engendre du stress, une “anxiété informationnelle”, rarement conciliable avec des décisions de bonne qualité. Elle créée un état psychologique négatif né de l’écart entre ce que nous comprenons et ce que nous croyons devoir comprendre. Pour 40% des salariés, un simple email est anxiogène.
Des informations pertinentes peuvent passer inaperçues et ne sont pas prises en compte. En moyenne, 20 à 30 % des emails ne sont jamais lus.
Enfin cet excès d’information créée également un déficit attentionnel qui rend les gens moins intelligents et les pousse à prendre des décisions de moins bonne qualité. Un grand nombre d’emails et de coups de téléphone reçus au bureau peut faire perdre 10 points de coefficient intellectuel.
Des facteurs psychologiques
De nombreux biais cognitifs viennent affecter la valeur ajoutée d’informations complémentaires. Par exemple, on accorde une importance disproportionnée aux premières et aux dernières informations reçues, par rapport à l’ensemble du flux qui nous est proposé.
La prise de décision est également perturbée par « le biais de confirmation » : notre capacité inconsciente à sélectionner les informations qui confirment notre croyance au détriment de celles qui les infirment.
Des considérations d’ordre sociologique
Un groupe a tendance à partager des informations qui sont déjà partagées par la majorité de ses membres, plutôt que des informations que seule une minorité ou un seul individu connaît. Selon plusieurs études, seules 18% des informations “non partagées” sont évoquées lors des réunions de groupe contre 46% pour les informations “partagées”.
Et la pensée de groupe désigne “le fait qu’à l’intérieur du groupe se développent des mécanismes qui incitent les individus à rapprocher leurs points de vue les uns des autres et à développer une cohésion qui leur fait prendre des positions irrationnelles”. (Irving Janis)
Et ce n’est pas tout …
D’autres facteurs sont également à prendre en considération :
Le poids de plus en plus important accordé aux informations prévisionnelles au détriment des données réelles, avec la justesse très relative des prédictions d’experts.
Les motivations de ceux qui transmettent l’information ainsi que le “biais de surestime de soi”.
La qualité d’information reçue souvent médiocre, 40% des Directeurs Financiers n’en seraient pas satisfaits selon une étude.
Big n’est pas beautiful
Avant d’inonder leurs collaborateurs de rapports, analyses et autres tableaux de bord avec l’intention louable d’améliorer la prise de décision, les managers pourraient quantifier et prioriser l’information transmise pour la bonifier.