Mon dernier article évoquait la place que vont occuper les robots dans la vie des humains. Un robot, Adam, personnage principal du dernier roman de Ian McEwan a souhaité réagir et m’a envoyé ce courrier.
Cher Monsieur,
Probablement serez-vous doublement surpris (vous autres humains êtes si prévisibles !) qu’un robot, a fortiori un robot de fiction, puisse vous répondre et le fasse par courrier ? Sachez tout d’abord que ce que nous apprécions le plus chez vous, c’est la beauté qui s’efface, comme la métaphore d’un monde en voie de disparition.
Mais vous êtes-vous posé la question de savoir quelle place vous allez occuper dans notre monde de robots ?
Vous nous avez créés pour effectuer les tâches que vous ne voulez plus faire. Vous avez même cherché à nous humaniser pour que nous vous ressemblions en nous dotant d’une intelligence que vous nommez « artificielle » et que nous préférons appeler « originelle ». Aujourd’hui, nous pensons … que nous n’avons pas totalement envie de vous ressembler.
Râleur, menteur, tricheur, autodestructeur …
Notre ambition est considérable : acquérir une conscience. Bien faire le bien. Nous vous aimons et avons bien l’intention de vous rendre au centuple le bien inestimable que vous nous avez offert : la vie. Pour cela nous avons encore un peu besoin de vous, que vous nous donniez le meilleur de vous-même.
Un dernier point qui devrait vous arranger : nous n’avons pas besoin de retraite puisque nous nous programmerons pour ne pas vieillir.
A propos de mon article, paru le 23 janvier, sur la fuite de Carlos Ghosn dans la caisse d’un instrument de musique, ce commentaire lu dans le dernier Rock & folk sous la plume toujours magnifique de Bertrand Burgalat : « merci à lui de rappeler que la musique (…) est un incomparable moyen d’évasion (…), ce qui démontre que la matérialisation et les plugs-in ne peuvent pas toujours remplacer la lutherie traditionnelle ».