Historiquement, les développeurs étaient courtisés par les entreprises du web. Ils le sont maintenant de plus en plus par des grands groupes dont le digital n’est pas le cœur de métier. Car les besoins en développement pour la conception de nouvelles applications mobiles, logiciels ou sites internet ont explosé ces dernières années.
Conscients de l’aspect stratégique de la digitalisation de leurs métiers, les entreprises cherchent désormais à intégrer ces métiers au sein de leur business. Aucun acteur n’échappe au l’obligation du logiciel : leur réussite est donc conditionnée par leur capacité à mobiliser ces savoir-faire plus vite que la concurrence.
Pénurie et recrutement
Toutes les entreprises dont le CA est supérieur à 5 millions d’Euros ont besoin d’un développeur. La demande croit de façon exponentielle. Pour vous rendre compte de la situation de pénurie, il suffit de créer un faux profil de développeur sur Linkedin et vous aurez 8 à 10 propositions par jour.
C’est le métier le plus courtisé : rien qu’en France il manque entre 10 000 et 40 000 développeurs alors que nous sommes le premier pays en Europe fournisseur de diplômés de premier cycle en informatique.
Depuis 5 ans, et la tendance s’accroît encore, les Google, facebook et autres Salesforce ouvrent des centres de R&D à Paris : ils sont attirés par la qualité des compétences françaises et des salaires bien inférieurs (40 000 $) à ceux pratiqués dans la Silicon Valley (120 000 $), ce qui déstabilise un peu plus le marché de l’emploi.
Une entreprise innovante : la Poste
« On ne peut pas s’appuyer sur des sous-traitants qui feraient la même chose pour d’autres » explique Jean-Marc Steffann, directeur technique de la branche numérique du Groupe. La Poste a lancé deux produits nouveaux, un service d’enlèvement et d’expédition de colis à partir des boîtes aux lettres des particuliers, qui nécessite du développement en « front office » – la partie visible par le client – aussi bien qu’en « back » pour optimiser la logistique et que les facteurs reçoivent les notifications sur leurs smartphones. La deuxième, un coffre-fort électronique pour conserver des documents personnels nécessite à lui seul 40 à 50 développeurs en permanence.
Un recruteur innovant : Total
Le pétrolier repense sa politique de recrutement en acceptant « l’idée que les développeurs ne feront pas l’intégralité de leur carrière chez nous » comme le dit Frédéric Jimenez, directeur des systèmes d’information du groupe. « Mais si la première tentation des développeurs est de prospecter chez Google ou Microsoft, nous avons des missions très intéressantes à leur proposer, dans les véhicules connectés ou les énergies renouvelables. »
Une réponse pédagogique
Les écoles ont bien compris qu’il fallait élargir la base de leur recrutement pour attirer de nouveaux profils. Elles revoient leurs critères de sélection en proposant de nouvelles approches pédagogiques pour séduire les jeunes qui demandent un autre rapport au savoir que celui que leur propose l’école traditionnelle et ses pratiques descendantes parfois rebutantes.
C’est la démarche adoptée par l’école d’informatique 42, créée par Xavier Niel. En 2014, la société Ametix, spécialisée dans le recrutement des métiers techniques du web, a proposé de recruter, avec un salaire de 45 000 euros par an, l’intégralité de la promotion.