Intelligence artificielle et plumes sous influence

Du pari technologique à la monétisation, le succès de l’IA s’est transformé en industrie à plusieurs centaines de milliards de dollars. Google, Microsoft, Amazon, Open AI, Anthropic … se livrent une féroce bataille pour la poule aux œufs d’or.
Investissements vertigineux, data centers gigantesques, partenariats stratégiques, rien n’est assez énorme pour ces géants qui concentrent le pouvoir entre quelques mains.

Des promesses technologiques, mais une dépendance accrue
Ces investissements massifs améliorent la performance des modèles : ils écrivent mieux, traduisent plus vite, synthétisent plus finement. Pour nous qui écrivons, c’est devenu un outil précieux.
Mais derrière ces promesses et cette efficacité, se cache une autre réalité : la dépendance à quelques plateformes dominantes et la crédibilité de ce que nous écrivons.

Une fiabilité soumise à rude épreuve
Qui développe les modèles ? Qui héberge les données ? Qui définit les algorithme ? Si un modèle répète une erreur, qui la contrôle et la corrige ?
Si quelques acteurs décident pour tout le monde, quelle est notre capacité à penser « différemment » ?

Et la France … et l’Europe ?
En France, l’IA est un élément fondamental du plan France 2030, doté de 54 milliards d’euros. Pour l’Europe, l’initiative baptisée IA Continent Action Plan prévoit de mobiliser jusqu’à 200 milliards d’euros pour faire de l’UE un « continent IA » capable de rivaliser avec les Etats-Unis et la Chine.

Une IA éthique et souveraine
C’est sur ce terrain que la France et l’Europe tentent d’imposer cette autre voie. Le AI Act impose des obligations de transparence sur les données d’entraînement et la traçabilité des contenus générés.
La France soutient également le développement de modèles open source comme Mistral AI, qui ambitionne de proposer une alternative crédible à Open AI.

Des logiques commerciales
La fiabilité et la crédibilité de ces systèmes dépendent d’acteurs privés dont les objectifs sont de gagner de l’argent, ce qui est de nature à fragiliser la confiance des utilisateurs.
Une IA opaque capable de tout faire, mais ont on ignore comment elle fonctionne et à quoi elle pense, deviendrait une boîte de Pandore.

Un nouvel équilibre à trouver
Il en va de l’indépendance intellectuelle et économique de notre métier de rédacteur, et de l’expérience de tous ses utilisateurs.
Entre accélération technologique et quête de souveraineté, nous devons apprendre à naviguer dans un écosystème sous influence pour tenir bon la plume.

Bloc-notes culturel du 3 novembre 2025

Chaque lundi, quoi de neuf du côté des livres, du cinéma, du théâtre, des expos, des disques … de la vie quoi !

⚫ Ecouté « Horses » de Patti Smith, pour le 50ème anniversaire de sa sortie. La pochette, signée de son amoureux Robert Mapplethorpe, avec son éternelle chemise blanche savamment découpée aux manches et sa veste nonchalamment balancée sur l’épaule. Et puis la musique, mêlant rock et poésie, avant-garde féministe du punk. Un album mythique qui bouleversa les jeunes …

🖼️ Patti Smith toujours, à l’honneur dans la très belle exposition des photos rock de Claude Gassian, à la galerie Rabouan Moussion, 11 rue Pastourelle, dans le Marais (et 2 pas de la galerie de l’Instant exposant les photos de Vanessa Paradis dont je parlais la semaine dernière). Photos devenues légendaires : Iggy, Lou, David, Mick & Keith et bien sûr Patti (pour les fans, “Patti Smith : Horses, Paris 1976 vient d’être réédité).

📽️ Vu « L’Etranger », de François Ozon, avec Benjamin Voisin,  Rebecca Marder et Pierre Lottin. Quelques souvenirs du livre lu pour préparer le bac, principalement la question de la motivation de Meursault. Dans le film, le mystère reste entier, avec sa terrible indifférence, son absence de conscience morale, et la terrible certitude d’être de toutes façons condamné. Mais aussi une sensualité, une beauté qui renforce encore le mystère …

📕 Lu  « Kolkhoze », d’Emmanuel Carrère, aux Editions P.O.L., dans la série saga familiale qui anime cette rentrée littéraire. L’auteur est le fils d’Hélène Carrère d’Encausse, née Zourabichvili, immigrée georgienne, elle-même fille d’une aristocratie germano-russe ruinée et d’un Géorgien bipolaire disparu à la Libération. Mariage parfait entre le talent de biographe et l’inspiration romanesque pour raconter l’histoire d’une famille sur 4 générations. Mon favori pour le Goncourt reste le Mauvignier mais en 2, mais je place Kolkhoze. Verdict mardi 4.

🎸 Concert des  « Sport Team » au Petit Bain. Le groupe de Cambridge compte 3 albums à son actif, dont le dernier « Boys These Days » est une belle réussite de pop anglaise. Pas totalement convaincu par le set d’1h15 hier, malgré une combinaison guitare rythmique / basse impeccable. Chanteur sans beaucoup de voix et plutôt flemmard, lead guitar long à se chauffer, clavier sans Christian … Bref peut mieux faire !

🎭 Vu « Silent pool », au Funambule Montmartre. Une énigme policière dont Agatha Christie est l’héroïne, et non l’autrice. Enlèvement, meurtre, disparition volontaire … Quand la reine du crime disparaît, c’est un duo de policiers inattendu qui mène l’enquête. Une pièce à rebondissements, rythmée, captivante, drôle …

 A lundi prochain …