Au début des années 70, Avoriaz commence à être connue, mais son promoteur, Gérard Brémond, veut pour sa station une exposition médiatique plus forte encore.(“Lionel Chouchan avait une société, Promo 2000. C’est lui qui m’a proposé l’idée d’un festival du film avec le fantastique pour thème. Lionel Chouchan était très doué pour trouver les bons réalisateurs, les acteurs en vue, pour composer un jury et faire venir les télés et toute la presse”, Gérard Brémond).
Mais qu’est-ce qui va faire d’un petit événement organisé avec des moyens limités dans une station qui vient de naître le second festival de cinéma juste derrière Cannes et la renommée d’Avoriaz dans le monde entier ?
Le fantastique est à l’époque un genre encore balbutiant dont rien ne prédit le potentiel et le succès futur. Mais l’idée plaît à Gérard Brémond qui a déjà prouvé qu’il aime innover et prendre des risques. (“Je ne connaissais pas la station mais quand j’y suis allé en 1972 j’ai tout de suite été frappé par le décor, son côté science-fiction, ses bâtiments comme des rochers, ses illuminations”. Le fantastique collait à l’image de la station”, Lionel Chouchan, Délégué Général du festival, Président de Promo 2000, aujourd’hui Hopscotch).
Comme des pionniers son équipe se met en quête de films de qualité et va pendant 20 ans visionner des milliers de films des quatre coins de du monde pour dénicher les perles qui seront proposées à un public de plus en plus nombreux, connaisseur et exigeant. Mais pour la première édition, Avoriaz fut, une fois de plus, servie par la chance. En présentant en plus de trois productions italiennes et quatre américaines le premier film “de suspens et d’angoisse exceptionnel” d’un jeune cinéaste américain, l’histoire d’un camion qui poursuit inlassablement un homme pour le détruire, le festival rentre dans l’histoire du cinéma. “Duel” de Steven Spielberg reçoit le grand prix ; le film et son réalisateur seront désormais liés au Festival, dans un succès partagé et grandissant.
Après “Duel” et Spielberg en 1973, suivent “Soleil Vert” de Richard Fleischer et “Phantom of the Paradise” de Brian de Palma. Ensuite seront primés entre autres : David Lynch (“Elephant man” et “Blue Velevt”), George Miller (“Mad Max”), James Cameron (“Terminator”), David Cronenberg (“Faux-semblants”), des réalisateurs dont Avoriaz a pour beaucoup lancé la carrière avec des films qui les feront connaître dans le monde entier. Des films fantastiques d’une qualité exceptionnelle qui ont transcendé le genre et figurent depuis au panthéon du cinéma.
Pour la première fois, les membres du jury ne sont pas que des cinéastes mais aussi des écrivains (Gary, Sagan, Ionesco, Semprun …), des chanteurs (Gainsbourg, Ferré, Aznavour) qui entourent des réalisateurs (De Palma, Agnès Varda, Lelouch) et des acteurs (Jeanne Moreau, Delon, Lonsdale, Lhermitte, Rochefort, Sophie Marceau). Ce mélange des genres et la diversité des personnalités furent pour Lionel Chouchan “une recette qui a ensuite permis de composer les plus beaux jurys jamais réunis”.
La semaine prochaine : le ski dans les Portes du Soleil