C’est quoi un chef en 2018 ?

Quand l’accélération et la complexité des événements se doublent d’une multiplicité croissante des acteurs, internes et externes, comment croire qu’un seul chef, une seule autorité, puisse allier judicieusement la vision globale et la précision du terrain, gérer simultanément un nombre grandissant de sujets, avec une vitesse d’exécution maximale ?

L’efficacité du commandement se situe aujourd’hui dans un équilibre solidaire, un ajustement permanent entre l’amont et l’aval d’une organisation.

C’est la fin des « petits chefs »

Le commandement reposait auparavant sur une confiance partagée entre dirigeant et dirigés. Aujourd’hui les entreprises sont davantage managées que dirigées. Avec le numérique elles deviennent collaboratives : les notions de décloisonnement et de travail partagé prévalent. La transversalité casse les silos et crée de la transparence. Pour le philosophe Michel Serres, « on est dans une époque qui n’est plus soumise aux maîtres, mais au savoir ».

Le petit doigt a quitté la couture du pantalon.
Intéressons-nous à la façon dont les armées abordent le sujet : les récents travaux de recherche, issus des principaux états-majors militaires, convergent vers la mise en pratique de nouveaux modes de commandement. Concrètement, comment répartir ordres, feedback, données, interprétations, réactions ? Comment s’organise le chef et son commandement ? Cinq réponses étonnantes, limite subversives, correspondant à cinq mutations profondes en cours dans les armées.

  1. Le plan d’action
    Ne plus parler de QG ou de PC d’un côté, de périphérie ou de sol de l’autre. Mieux vaut parler d’amont et d’aval. Rôle de l’amont : définir le projet, planifier, synchroniser, coordonner, encadrer… Rôle de l’aval : déterminer les modalités, gérer les imprévus, prendre des initiatives, créer les conditions maximales de l’expression des hommes et des femmes face à l’action, agir seul face aux réalités …
  2. L’information
    Cette cellule, localisée ou pas au centre du dispositif, concentre toutes les données et la rapidité de leur redistribution. Elle assure la cohérence et donne les objectifs.
  3. La discipline
    L’amont couvre les erreurs et les fautes des subordonnées. L’aval suit les principes établis, sans forcément respecter les règles et les procédés.
  4. Les processus
    L’amont définit ce qu’il convient de ne pas faire. L’aval s’oriente selon le principe de « l’obéissance active » : liberté, créativité, rapidité …
  5. La solidarité
    L’amont commande donc indirectement … mais à condition que l’aval coopère « spontanément » tout en prenant en compte l’ensemble de la situation.

Révolution dans les rangs
La priorité est donnée à l’agilité, à la créativité et à l’audace. La nouvelle efficacité du commandement se formera dans l’alliance du pourquoi et du comment. A chacun de trouver le bon équilibre entre le cadrage global et une liberté qui doit être encouragée.

Le chef inspire la vision et la confiance
Il est celui qui est source, qui se porte garant de ce qui est déployé. Il pense en plusieurs dimensions en intégrant tous les paramètres. Il réalise la synergie du groupe en augmentant la somme des valeurs individuelles. Le chef de demain aura tellement de qualités paradoxales qu’il sera rare, presque introuvable.

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