Fake news mais vrais soucis

Les récentes élections américaines et le référendum sur le Breixit ont illustré l’importance des fake news mais aussi des bulles d’information, qui ne soumettent à l’utilisateur que les informations auxquelles il adhère déjà et les messages à caractère haineux ou racistes.

« Je n’ignore pas les dommages qu’internet peut causer » a ainsi écrit sur le blog Facebook son responsable de l’engagement civique, Samidh Chakabarti, en ajoutant que le réseau social a « mis beaucoup trop longtemps à comprendre que des personnes mal intentionnées utilisaient notre plateforme de façon abusive ». Dans la foulée, Facebook annonce une série de mesures contre les fake news.

Une meilleure hiérarchie des sources d’information
« J’ai demandé à nos équipes de s’assurer que nous donnons la priorité aux informations fiables, réellement informatives et locales » a expliqué Marc Zuckerberg lui-même sur sa page personnelle. Mais qui va décider de la fiabilité de ces informations ? « Nous allons désormais demander aux (utilisateurs) s’ils connaissent telle ou telle source publiant des informations et, si c’est le cas, s’ils font confiance à cette source. Cette nouveauté ne modifiera pas la quantité d’informations que vous verrez sur Facebook. Cela ne fera que modifier l’équilibre des informations en faveur de sources qui sont considérées comme fiables par la communauté des utilisateurs ».

Un fil d’actualité modifié
Concrètement, ce sont les usagers eux-mêmes qui vont hiérarchiser les sources d’information considérées comme fiables. Sur leur fil d’actualité, la page d’accueil de chaque utilisateur, les informations seront également modifiées pour améliorer la qualité des contenus : les messages des proches seront privilégiés, au détriment des pages institutionnelles de marques ou de médias.

La transparence toujours pas au rendez-vous
Cette méthode permet à Facebook de ne pas faire lui-même d’arbitrage afin de ne pas risquer d’être taxé d’impartialité, mais elle ne fait pas l’unanimité car elle pourrait se révéler contre-productive. Une News Media Alliance, qui représente plus de 2 000 organismes de presse nationaux et régionaux aux Etats-Unis et au Canada, regrette ainsi « ne pas savoir comment le système proposé (allait) vraiment fonctionner ».

Et en France ?
Emmanuel Macron a annoncé le 3 janvier un projet de loi pour lutter contre les « fake news. Mais pour Fabrice Epelboin, professeur à Science Po Paris et spécialiste du web social, on dépend de la logique américaine : « il va falloir que le gouvernement installe un dialogue avec l’administration Trump et avec la Silicon Valley. Avec Facebook, on est dans ce qu’il y a de plus vicieux dans le monde des technologies. Le conseiller numérique de Trump, Peter Thiel, est au Conseil d’administration de Facebook, et il est également le fondateur de Palantir, le logiciel permettant d’analyser des sommes massives de données, récemment adopté par les services français et financé par la CIA.

Comme on dit sur Facebook, « it’s complicated ».

* Baromètre Acsel (association de l’économie du numérique) et la Poste, publié en décembre 2017.

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