Le freemium, troisième voie de l’info ?

Les gens achètent de moins en moins de journaux. Ce constat est identique pour la musique, les films, les jeux vidéo, bref tout ce qu’internet nous a habitué à trouver gratuitement en ligne. La baisse de l’audience entraîne une baisse des recettes publicitaires … moins de collaborateurs, baisse de la qualité, nouvelle chute des ventes. C’est un cycle infernal.

Et puis il y a le gratuit, tout le monde s’y est essayé, sans pouvoir convertir en recettes suffisantes ce modèle qui repose sur la publicité, donc sur une audience très forte pour être monnayable. Les recettes papier ne migrent pas vers le web et le lectorat est difficile à valoriser car versatile puisque habitué à consommer gratuit.

Où est la bonne réponse ? Peut-être vers un modèle hybride, une troisième voie qui abolirait la frontière entre payant et gratuit, le freemium, contraction de free et de premium. En voici l’explication, donnée par Fred Wilson, co-fondateur d‘Union Square Ventures, qui popularisa cette formule : « donnez votre produit ou service gratuitement, éventuellement avec une offre publicitaire, acquérez une base de clientèle avec du bouche-à-oreille et des réseaux de référence, ensuite offrez des offres premium à cette même base de clients ».

A la croisée des deux mondes, le freemium combine les avantages des deux modèles. Il cherche à asseoir sa notoriété sur le nombre et à faire payer ceux qui recherchent un contenu plus qualitatif. Ce système a été développé par les sites de rencontre, gratuits pour les femmes, payants pour les hommes. C’est le modèle économique des jeux vidéo, dont la plupart proposent en accès libre une version light et l’achat pour obtenir d’avantage de contenus, ou des sites de musique en streaming qui ont des offres gratuites et payantes. Mais il est important de pouvoir mesurer la quantité exacte consommée par chaque internaute. C’est le même principe lorsque vous téléchargez un logiciel – comme wordpress utilisé pour ce site – vous aurez besoin à un moment d’une version plus sophistiquée et performante, mais payante.

Mais revenons à la presse. Vous lisez sur votre smartphone un flux d’information en temps réel. Elle doit attirer l’internaute et le retenir avec une image positive et une information de qualité. Gratuit. Vous lisez des articles de fond, des enquêtes exclusives, du contenu archivé avec de la valeur ajoutée. Payant. C’est le modèle choisi par le Monde, le Figaro ou Libération. La question, c’est où provoquer le basculement, pour qu’il n’engendre ni frustration pour ceux qui restent, ni déception pour ceux qui franchissent la frontière du payant.

Le freemium parait la voie pour conserver des médias qui disposent de vrais moyens pour enquêter et se différencier de la cohorte grandissante des auteurs de fake news qui ont fait élire Donald Trump.

 

 

 

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