Pire que l’absentéisme ? Le présentéisme

« Certains voulaient peut-être montrer qu’ils travaillaient la nuit et laissaient la lumière » disait François Hollande qui éteignait lui-même les bureaux de ses collaborateurs.
« C’est en partie pour lutter contre cette caricature du Français absentéiste que les gens veulent se montrer présents au bureau. » répond le sociologue Denis Monneuse.
Présentéisme contre absentéisme : le pire n’est pas forcément là où on l’attend.

Différentes formes de présentéisme

Le présentéisme contemplatif, appelé aussi absentéisme moral : c’est être présent au travail … sans travailler véritablement. Il peut résulter d’une souffrance, d’une démotivation … ou d’une addiction à Youtube.
Le présentéisme stratégique : il s’agit de faire des journées avec des horaires à rallonge pour montrer qu’on est là en s’assurant qu’on est vu.
La surprésentéisme : consiste à renoncer à prendre un arrêt de travail prescrit par son médecin, comme le font 23% des Français. C’est aussi un surengagement chronique qui peut être motivé par son perfectionniste ou une charge de travail excessive.

Le présentéisme n’est pas un antidote à l’absentéisme
Il s’inscrit dans une culture d’entreprise basée sur la défiance, mené par un management préhistorique qui encourage une hystérie de la présence. Il conduit à une approche panoptique du travail où chacun doit être à portée de vue de son « N + 1 ».
Le présentéisme est un phénomène complexe, qui repose sur une théâtralité aux effets de manche largement exagérés qui finit par hypnotiser les acteurs eux-mêmes.

C’est un job à plein temps
Produire des signes extérieurs d’activité devient une occupation permanente : il faut mimer une vie professionnelle qui n’a plus rien à voir avec la réalité et dépenser beaucoup d’énergie pour cacher qu’on ne fait rien.
Le présentéisme nécessite une stratégie dans plusieurs domaines : laisser une veste en permanence sur son dossier pour faire croire qu’on est encore là, marcher très vite vers la photocopieuse, se plaindre d’être surmené, occuper un emplacement stratégique dans l’open-space pour ne pas montrer qu’on regarde une série sur Netflix.

La présentéisme peut même tuer
S’il s’apparente à un surinvestissement dans son travail, il ne rime pas pour autant avec productivité car il induit des coûts cachés, une perte de productivité et de la qualité du travail des collaborateurs, une ambiance de travail délétère, une dégradation du climat social, toutes choses qui finissent par se voir de l’extérieur.
Il est également néfaste pour le collaborateur, en favorisant l’apparition de certaines pathologies. Les japonais parlent de « karoshi » pour les salariés morts au bureau.

Des surcoûts pour l’entreprise
C’est une donnée réputée connue* avec un taux de 4,59% qui coûte 10 milliards d’Euros aux entreprises. Mais l’étude des manifestations du présentéisme  montrent qu’elles sont souvent les prémisses de l’absentéisme. On a ainsi calculé** son taux : de 1,4 à 2 fois le taux d’absentéisme, soit entre 6,4 et 9,2% et un montant de 13,7 à 24,9 milliards d’Euros.
Mais ce coût d’une baisse de productivité est assumé par les entreprises alors que le coût de l’absentéisme est en grande partie couvert par l’Assurance-maladie.

En finir avec la culture de la surenchère
Et pourquoi pas « less is more » ? Fa ire mieux avec moins plutôt que demander toujours plus. Encourager un rapport serein et équilibré au travail garantit le bien-être physique et psychique des collaborateurs avec des effets positifs sur la qualité du travail et la productivité.
C’est pourquoi choisir de manager par la confiance et repenser l’organisation du travail permettent de limiter la propagation du présentéisme en déployant des mesures qui favorisent une meilleure maîtrise du temps de travail.

 

* Baromètre de l’absentéisme par Alma Consulting Group en 2014
** Etude du cabinet Midori Consulting en 2014

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