Son parcours, politique, écologique, économique, en dit long sur sa destination. Portrait du mode de transport à la mode, qui trace sa route.
Briseuse de grève
Faute de métro, on se rabat sur la trottinette pour se déplacer. Elle est ainsi accusée par la CGT d’avoir colonisé chaussées et trottoirs pour les convertir en zone de non grève.
+ 75% d’utilisateurs en plus (53 000 par jour pour les Lime, soit l’équivalent de 80 rames de métros), le phénomène reste marginal mais spectaculaire. Suffisant pour qu’Extinction Rebellion, mouvement de désobéissance civile, organise des opérations de « mise hors service » de trottinettes.
Bilan carbone catastrophique
Synonyme de liberté, la trottinette, n’est absolument pas écologique : fabriquée en Chine avec des métaux rares non recyclés, sa durée de vie est extrêmement faible.
Avec 105 grammes d’équivalent CO², elle est beaucoup plus polluante que les transports publics, d’autant plus qu’elle remplace les trajets à pied (pour 47%) ou les transports en commun (29%) et non en voiture (3%).
Suppôt du capitalisme
Utilisée globalement par les cadres sup, et à 2% par les ouvriers, la trottinette ubérise l’économie : pour les récupérer, les recharger et les redéployer, les sociétés de location font appel à des « juicers ».
Soumis à des rythmes de travail pénibles, une concurrence violente et une logistique compliquée, ils gagnent des clopinettes, ce qui incite la Mairie de Paris à obliger les loueurs à les salarier ou à faire appel à des prestataires.
Résultat des courses : la trottinette est 80% de droite, mais 100% dangereuse : si vous la croisez, elle peut aussi venir de la gauche.