La technologie accélère le temps et rend l’homme productif à tout moment. Le temps doit être toujours plus utile et rentable. Même les temps morts (nouvellement définis par Google comme des « micro moments ») deviennent prolifiques, grâce à la fragmentation du temps et du lieu de travail et à la généralisation de l’usage du mobile qui permettent la multiplication de ces moments. A condition d’être disponible et immédiatement réactif.
« La vie c’est l’espace de temps qu’on met à parcourir pour aller d’un trou à un autre ». Serge Mirjean
La multiplication des nouvelles technologies de la communication est la dernière forme de tyrannie : une forme d’utopie communautaire qui nous entraîne à rechercher la satisfaction immédiate dans une logique de court terme.
Mais nous avons appris à gérer plusieurs informations simultanément et à nous adapter pour piloter ces différentes interactions.
« La solution de l’énigme de la vie dans l’espace et le temps se trouve hors de l’espace et du temps ». Ludwig Wittgenstein
Nous sommes ainsi maîtres du moment et du lieu. Nous pouvons échanger avec n’importe qui, depuis n’importe où. Cette capacité nous donne l’impression de maîtriser le temps, notre temps.
Cette « ubiquité existentielle », selon le sociologue Francis Jauréguiberry, nous rend prisonnier de notre instantanéité, notamment dans notre vie professionnelle.
« Le temps d’apprendre à vivre, il est déjà trop tard ». Louis Aragon
Le temps passé à apprendre, même l’usage des nouvelles technologies, est délaissé au profit de l’instant. Un apprentissage insuffisant de ces outils, pas toujours intuitifs, nous pousse à remettre en cause la technologie elle-même.
Le déploiement, sans accompagnement, de ces nouveaux outils à distance risque de dissoudre le lien social, alors qu’il est censé le renforcer.
« Si j’avais un secret pour concilier vie privée et vie professionnelle, je le vendrais » ? Sean Connery
L’effacement entre les deux brouille un peu plus la notion de temps. Les babyfoots et autres consoles de jeu remplacent la quête de sens par une recherche illusoire de bonheur au bureau.
Le salut est-il dans la déconnexion ? Si elle est vitale pour les populations les plus soumises au stress et à la surcharge informationnelle, elle reste toutefois symptomatique d’une difficulté à appréhender la richesse de ces outils de communication et leur bon usage dans le temps.
* Steve Jobs