L’idée de resposabilité s’est répandue dans tous les domaines, moral, juridique, professionnel, politique, écologique … La crise de la COVID-19 en a fait un enjeu majeur. Elle nous est présentée à la fois comme un ordre et un devoir, voire une menace. Avec beaucoup d’excès !
Que dit la philosophie ?
Le terme, issu du latin, apparaît dès le XVème siècle. Le dictionnaire de Trévoux, en 1771, définit le responsable comme le véritable auteur d’une action. Répondre de nos actes équivaut donc à tenir une sorte de compte de nos actions.
Pour la philosophie classique, c’est la liberté qui fonde la responsabilité, avant qu’Emmanuel Levinas n’inverse le point de vue : je suis responsable avant d’être libre. La responsabilité est celle que l’on assume pour l’autre, elle est liée à la solidarité. Etre responsable est une obligation, même si aucune loi ne m’y contraint. La situation actuelle fait écho à cette posture morale.
La responsabilité est-elle un dogme ?
S’agit-il pour ceux qui nous gouvernent d’imposer leurs règles au nom de la responsabilité collective en prenant des mesures qui peuvent être jugées comme contradictoires ? S’agit-il pour nous simples individus de nous y soumettre au nom de la discipline collective, ou bien de nous interroger sereinement sur les alternatives que l’on est capables d’assumer au sein de son périmètre ?
Difficile de faire appel à notre sens des responsabilités sans prendre en compte la réalité de l’épuisement physique, cognitif et moral de chacun de nous pour cause sur sur-sollicitation sur-engagement, dans des conditions inhabituelles.
Libre et responsable, le duo gagnant
Pour que nous entendions cet appel à la responsabilité, il faut que le cadre dans lequel elle s’exerce soit clair et que chacun sache quel niveau de responsabilité lui incombe. Ainsi l’homme peut-il être responsable, pour le meilleur comme pour le pire car il n’y a pas de fatalité.
Deux objectifs au confinement
Tout d’abord, l’occasion de prendre conscience de cette vulnérabilité partagée, des priorités dans la vie, de l’importance de la solidarité et de l’effet pervers des excès en tout genre.
Ensuite de partager les bonnes pratiques en termes de télétravail.
La première vague a créé beaucoup de stress, voire de détresse, mais cette expérience a permis à beaucoup de professionnels de découvrir leurs capacités d’auto-organisation, de gestion du temps et de l’espace. C’est-à-dire d’expérimenter comment nous pouvions être efficaces dans une situation contraignante.
La responsabilité c’est les autres
Chacun porte la responsabilité de ne pas être un danger potentiel pour les autres. C’est un poids lourd à porter. Raison de plus pour que chacun puisse préserver un équilibre physique et moral. Considérons cette période comme un apprentissage utile pour renforcer notre autonomie, respecter l’équilibre entre vie personnelle et professionnelle, réguler nos efforts, maintenir la communication avec l’extérieur, contribuer au collectif …
Nous avons appris le profond besoin de proximité, de redevenir proches malgré la distance subie. Cette prise de conscience est un vrai levier pour garder vivantes les relations, y compris sous une forme virtuelle.