Sur tous les terrains de sport, dans le domaine artistique ou en entreprise, la notion de talent est partout, et le mot employé pour tout et n’importe quoi. Notion floue et controversée, le talent ne se définit pas, ne se mesure pas. Retour sur son parcours à travers 5 000 ans d’histoire.
« Un casse-tête productif »
C’est la définition proposée par le sociologue Pierre-Michel Menger, professeur au Collège de France et à l’EHESS. De nombreux chercheurs dans moult disciplines s’y sont essayés, sans faire l’unanimité.
Essayons néanmoins de retracer son parcours pour mieux comprendre comment monde de l’entreprise.
A l’origine, dans la Grèce ancienne
Le talent, dérivé du grec « tálenton », était une unité de poids utilisée pour peser des quantités. Il devient ensuite une monnaie, le talent d’or ou d’argent.
La Parabole des Talents …
… lui donne son sens figuré : les capacités, intellectuelles ou les aptitudes physiques, que le divin nous a accordées à la naissance, de façon inégale.
A nous, par nos efforts et notre prise de risque d’être responsable pour les mobiliser et les faire fructifier.
Au siècle des Lumières
Les Bourgeois se rebellent contre les inégalités de l’Ancien Régime : les richesses sont le fruit de leurs propres aptitudes et leurs efforts.
Avec la Révolution Française, l’inégalité acceptable du mérite individuel détrône le droit du sang. L’équation est désormais : mérite = talent + effort.
Le talent fait son entrée dans l’entreprise
Le succès des organisations serait lié à la présence de ces talents, leurs capacités, leurs efforts, leur créativité.
Le talent redevient ce « poids » d’origine qui permet de mesurer la valeur des collaborateurs, « une monnaie universelle de cotation des personnes qualifiées », pour PM Menger.
Le talent fait la différence
Les entreprises font de l’innovation un élément clé de la création de valeur.
Dans notre économie de la connaissance où les coûts de la conception représentent jusqu’à 70% du coût de revient, le talent prend toute sa valeur.
Des risques d’individualisation
Le talent encourage la prise de risque et la singularité. Les politiques RH tendent donc vers une hyper segmentation basée sur la performance, le potentiel ou le type de compétences.
Il est donc essentiel que les entreprises soient vigilantes sur les dimensions collectives et collaboratives, également essentielles pour leur réussite.