Si le travail ne date pas d’hier, le salariat voit le jour avec la loi du 27 décembre 1890. L’ancêtre du CDI encadre un « louage de services fait sans détermination de durée », à la demande des entreprises soucieuses de pouvoir s’attacher leurs ouvriers durablement. Aujourd’hui, c’est le télétravail qui risque de modifier en profondeur le rapport au travail.
Les avantages du télétravail
Pour le salarié, c’est un gain de temps considérable, un confort et des économies que d’éviter de se transporter au bureau. Pour les 5% de collaborateurs et 1% de dirigeants favorables au télétravail à temps complet, la semaine entière à la maison est même émancipatrice. Et les offres d’emploi ont été multipliées par 3 depuis le début de la pandémie.
Le temps de transport est en partie consacré à travailler plus. Mais pour les entreprises, les avantages se situent aussi dans le gain de productivité (9% en passant de 5 à 25% de collaborateurs en télétravail), mais aussi dans les économies de m² de bureau, réinvesties ailleurs qui, à leur tour, dopent la productivité.
Les inconvénients
Ils sont également de différentes natures, d’autant plus qu’on en manque encore de recul sur une pratique généralisée et durable du télétravail. Mais on peut déjà affirmer que la diminution du lien social, la difficulté de travailler en équipe, la désaffiliation, les problèmes de formation et d’apprentissage, le manque de compétences du management à gérer cette situation nouvelle sont des vrais problèmes.
Avec également quelques dommages collatéraux sur l’immobilier de bureau et surtout l’économie de quartiers très impactés par la désaffection des salariés.
Le défi de l’esprit d’équipe
C’est le principal enjeu : proposer une expérience au bureau qui donne une bonne raison aux collaborateurs de s’y transporter ! Concevoir des locaux adaptés à cette nouvelle donne : favoriser les échanges informels, des lieux de travail collaboratif hyper connectés, des salles favorisant la pratique d’activités sportives ou culturelles, des lieux conviviaux où les gens ont plaisir à se retrouver pour travailler et échanger…
Pour le management, c’est également un sacré défi et nécessite un accompagnement : définir les bons indicateurs pour mesurer efficacement la productivité, encadrer, promouvoir, former, accompagner individuellement, savoir apprécier les conditions de télétravail …
Et si le CDI disparaissait ?
On en revient à notre bon vieux CDI … On parle désormais d’hybridation, d’ubérisation … Place au CDD, à l’interim, à la sous-traitance, à l’auto-entrepreneuriat, voire à l’intrapreneuriat. La recherche de la flexibilité et de la performance risque de conduire à une externalisation de certaines tâches alors que dans certains secteurs la pénurie de main d’œuvre qualifiée empêche des entreprises de tourner à plein régime.
Beaucoup souhaitent être indépendants et ne plus s’engager sur le long terme et les exemples de slasher (qui changent de métier ou en pratiquent 2 la fois) se multiplient. L’hybridation du travail va se prolonger par une hybridation des relations contractuelles. Le chantier est ouvert !
Belle année 2022 …