Créer l’avenir est encore la meilleure façon de le prévoir

Un ami chef d’entreprise me disait hier : « je ne sais pas de quoi sera fait 2023 ». L’idée que le futur est imprévisible est bien ancrée. Au siècle dernier, anticiper se heurtait pour les entreprises à un contexte réputé risqué alors qu’aujourd’hui, il est dû à un environnement économique incertain. Ca fait toute la différence !

Du risque à l’incertitude
Selon Franck Knight, l’un des premiers chercheurs à établir une différence stricte, le risque provient d’une inaptitude à prévoir, alors même que nous disposons d’informations sur les probabilités des événements à venir. C’est donc relativement confortable.
L’idée que nous nous faisons de l’incertitude se révèle plus complexe. Incertain = aléatoire ou imprévisible : le champ des possibles s’avère infini et inconnu à l’avance.

L’incertitude grandit
Elle trouve son origine dans la multiplicité des défis auxquels nous devons faire face : environnemental, sociétal, numérique, géopolitique, et maintenant sanitaire. Autant de nouveaux enjeux qui se produisent par à-coups et provoquent l’arrivée de phénomènes inédits.
Ils se manifestent sous la forme de perturbations ou de crises, dont la date, l’ampleur et la fréquence semblent impossibles à prévoir. C’est l’incertitude.

Business plans, études de marché …
Ils reposent sur l’assurance que toutes les choses resteront égales par ailleurs dans un futur proche. Dans un environnement incertain, il est soudain impossible d’extrapoler les situations à venir à partir de données d’aujourd’hui.
Vouloir ramener le futur au présent devient donc hasardeux et rend inapproprié ces outils, pensés et conçus autour d’une promesse de stabilité économique qui n’est plus de mise. Mais nous n’avons qu’eux pour aborder les problèmes incertains et nous entêtons à les voir, les comprendre et les traiter comme s’ils provenaient du monde du risque, ce qui nous amène à nous tromper.

Quelles bonnes pratiques adopter
Pour lutter contre l’obsolescence progressive de nos outils habituels, les chercheurs proposent des processus de décision pertinents à privilégier pour des univers indéterminés qui déconstruisent nos routines et nos modes de pensée et perçoivent les signaux faibles souvent annonciateurs de ruptures.
Leurs travaux convergent vers une thèse selon laquelle, en l’absence d’informations fiables sur le futur, il convient d’adopter des postures agnostiques, humbles et itératives.

Le futur ne prolonge plus le passé
Il faudrait donc développer une pensée paradoxale, à rebours des évidences et de nos pressentiments pour lutter contre les biais cognitifs dont nous sommes victimes dans des environnements troublés. En orientant nos comportements vers une démarche de sérendipité et d’effectuation (qui permet d’avancer, non pas en espérant un ROI proportionnel au risque encouru, mais peut accepter perte raisonnable pour faire le prochain pas)
Aborder l’incertain avec humilité consiste à admettre l’existence d’un nouveau type de variable : ces « inconnues inconnues », toutes ces données qu’on ignore ne pas savoir.

Tirer profit de l’incertitude
Beaucoup d’entreprises ressentent l’incertitude croissante des marchés comme un danger, alors qu’elles pourraient transformer leurs postures défensives en stratégies offensives  et mettre à profit les innombrables opportunités crées par un environnement économique incertain.

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