On compte 1 million et demi d’associations en France, rassemblant plus de 22 millions de bénévoles, chiffre en forte croissance. Ces associations occupent une place stratégique dans le paysage économique français, ce qui ne les empêche pas d’être souvent raillées pour un mélange d’amateurisme et de d’inefficacité. Pourtant, les entreprises seraient bien inspirées d’en copier certains atouts.
S’adapter ou mourir : l’exemple de Room to Read
Cette organisation internationale œuvre pour l’alphabétisation des enfants en difficulté. Avec la crise de la Covid, ces enfants des pays pauvres ne disposaient pas des moyens nécessaires – ordinateurs, connexion internet – pour poursuivre leur scolarité à la maison. L’association s’est adaptée en alliant agilité et ingéniosité. Au Rwanda par exemple, elle a mis en place des partenariats avec des stations de radio pour qu’ils diffusent des programmes scolaires que les enfants pouvaient écouter chez eux.
Initialement, l’ONG fournissait des livres aux communautés défavorisées, mais nombre de dialectes régionaux n’intéressent pas les éditeurs. Elle a donc repensé son modèle en se transformant en éditeur. Elle a publié à ce jour plus de 1 700 livres dans le monde.
L’obsession de l’engagement
Le manque d’engagement des collaborateurs est le mal du siècle. Seuls 36% des employés se sentent engagés* et les entreprises se sont inventées des valeurs pour engager leurs collaborateurs, mais cette raison d’être doit être authentique pour fonctionner.
Les associations sont par nature organisées autour d’une mission, mais elles se gardent néanmoins de tout romantisme. Les valeurs doivent pouvoir être traduites en actes concrets. Avoir un idéal ne suffit pas ; dans un contexte parfois éprouvant, voire hostile, les collaborateurs doivent être prêts à affronter les obstacles en faisant preuve de ténacité et de résilience.
L’innovation « frugale »
Il s’agit de faire plus avec moins. Ce concept, popularisé par le Français d’origine indienne Navi Radjou développe l’idée contre-intuitive que l’innovation peut naître de la rareté des ressources. Elle est parfois audacieuse, voire disruptive. La baisse des dons et des subventions oblige le monde associatif à repenser son modèle économique, comme par exemple le développement d’activités lucratives pour financer leur mission sociale.
Les passerelles entre le « non profit » et le business sont de plus en plus nombreuses. Cette rencontre est loin d’être à sens unique et peut aussi largement profiter aux entreprises.
La nécessité d’être agile
Trois principes peuvent inspirer les entreprises :
– Décentraliser le leadership. En poussant l’empowerment – ou autonomisation – au maximum, l’association pousse chacun à innover et lancer des initiatives.
– Faciliter la prise de décisions. Les collaborateurs sur le terrain sont invités à prendre eux-mêmes les décisions ; cette règle, inscrite dans les valeurs de l’organisation, favorise avec succès leur responsabilisation.
– Agir et passer à l’acte. Plutôt que de perdre du temps à tout analyser ou essayer de tout prévoir, la vérité ne se découvre que dans l’action et l’exécution.
* Etude annuelle de l’Institut Gallup en 2020