Et si on inversait le processus d’innovation ?

L’idée de départ est de le repenser à la lumière d’un concept développé depuis quelques années par des chercheurs en sciences sociales et de gestion : l’innovation inversée. Elle implique que les pays développés bénéficient de l’apport en innovation des pays émergents. Une idée séduisante et solidement ancrée dans le monde académique, qui donne une dimension positive et méconnue de la mondialisation.

Trois grandes phases se sont succédées Chacune est à prendre en compte dans l’analyse des modèles d’innovation.

1/ Une innovation poussée par l’offre, c’est-à-dire par la volonté d’introduire une nouvelle technologie sur le marché. Issue des pays développés, elle finit par être adaptée par les pays en développement, souvent avec des modèles « low cost ».

2/ L’innovation frugale, à partir des années 2000 : l’inventivité des populations à faible revenu permet de simplifier ou détourner un produit ou un service pour l’adapter et répondre à besoin non satisfait

3/ L’innovation inversée, depuis une dizaine d’années, dépasse la précédente en créant une boucle de rétroaction des pays émergents vers les pays développés. Et elle part d’une feuille blanche, pas d’un dispositif existant.

Think and act local
Les équipes locales sont plus à même de comprendre les besoins des consommateurs locaux, ce qui pousse les entreprises internationales à délocaliser leur Recherche et Développement.
Les produits s’adressent immédiatement à un marché de masse, la rentabilité est atteinte très vite (sans passer par le cycle classique des « early adopters » qui créent le besoin chez les autres consommateurs. Puis lorsque le marché arrive à saturation, il est commercialisé dans les pays en voie de développement).

Un enrichissement mutuel
Même s’il faut reconnaître qu’il existe encore peu de cas concrets d’innovation inversée, le concept peut être amélioré par une approche plus « systémique ». Ce modèle privilégie les flux d’idées et d’innovations qui fonctionnent dans les deux sens, sans se soucier de leurs origines.
En créant une boucle permanente d’innovation, les apports de chacun sont adaptés aux contextes et aux différentes typologies de clients. Idées et usages s’enrichissent, comme c’est le cas pour le numérique où les pays émergents connaissent un renforcement de l’innovation sans précédent.

Des produits spécifiques
Il faut aller plus loin que des produits qui sont seulement adaptés. Cela impose aux entreprises de ne plus diffuser les mêmes produits que ceux qui sont distribués dans les pays développés, mais de concevoir des produits adaptés au business model et aux usages des pays émergents.
Ce modèle est gagnant pour les entreprises capables de travailler dans différents types de contextes, et pour différents types de population.

Ces modèles sont réplicables, s’ils sont adaptés à chaque marché, et si une « boucle retour » vers les pays matures est anticipé.
L’innovation se mondialise. C’est un modèle récent sur des cycles très courts mais c’est une tendance de fond.

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