Le français n’a pas une orthographe parfaite (1ère partie)

Plus je lis Le français va très bien, merci, des linguistes atterrés *, plus ma perception de notre langue s’en trouve modifiée. Ce livre ouvre les esprits et élargit les perspectives … comme ce cinquième chapitre : l’orthographe n’est pas la langue !

L’orthographe n’est pas la langue
Ne confondons pas langue et orthographe, qui vient du grec orthos, qui signifie « droit », « correct ». Il est le code graphique qui permet de la retranscrire.
Au début chacun écrivait un peu comme il l’entendait, jusqu’à ce que l’école de la IIIème République n’en fixe les règles, partagées par tous.

L’orthographe a 3 fonctions
– phonographique : pour transmettre les sons ;
– morphologique : pour distinguer, par exemple, « il mange » et « ils mangent » ;
– étymologique : pour créer des familles de mots – sang, sanguin, sanguinaire – et distinguer les homophones – sang, sans, cent.

La difficulté de la réformer
Cela n’avait pas été fait depuis 1835 jusqu’à la dernière tentative, en 1990, qui peine à s’imposer. Probablement parce que c’est parce qu’elle est devenue un marqueur social extrêmement puissant qui donne l’illusion de pouvoir juger des facultés linguistiques de quelqu’un sans entrer dans la complexité de la syntaxe, du vocabulaire ou de tout ce qui constitue la véritable qualité du texte.

L’orthographe française va du cocasse à l’absurde **
Elle n’a pas été conçue d’après un plan d’ensemble mais selon une succession d’ajustements plus ou moins heureux : explications fallacieuses, erreurs de recopiage … pour lesquels il n’existe aucune explication logique.

L’exemple du pluriel en x …
… Comme bateaux ou même hiboux ; les pluriels n’ont rien d’étymologique mais résultent d’une erreur de recopiage. Les copistes utilisaient une abréviation pour le us final, très fréquent en latin : le signe . On a progressivement confondu cette abréviation avec la lettre x et on a ajouté un u pour que cela corresponde à la prononciation.

Les jeunes n’écrivent pas de plus en plus mal
L’idée d’une décadence du français est loin d’être récente. En réalité, il n’y a jamais eu d’âge d’or de l’orthographe pendant lequel la majorité de la population en maîtrisait les subtilités.

L’écriture s’est démocratisée … mais pas l’orthographe
Avant, tous les écrits étaient vérifiés par des correcteurs, des éditeurs, des imprimeurs, qui faisaient office de filtres.
Aujourd’hui, Beaucoup de gens écrivent, sans être relus et s’étalent, notamment sur les réseaux sociaux, au vu de tous (c’est l’occasion de remercier Laurence, qui me relit chaque semaine 😉 🙏 💐 …).

(à suivre …)

* Collection Tracts Gallimard, n° 49, mai 2023 / 3,90 €
** Paul Valéry

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