Le français n’a pas une orthographe parfaite (2ème partie)

La langue s’est démocratisée, alors que l’orthographe n’a pas évoluée. Résultat : nous ne sommes pas tous égaux face à elle. Voici quelques pistes pour stopper sa régression, dans la suite (et fin) de ce cinquième chapitre : l’orthographe n’est pas la langue, d’après Le français va très bien, merci *, des Linguistes atterrés.

Première solution : la lecture
Elle permet d’améliorer le niveau de l’orthographe chez certains … mais pas tous.  Nos cerveaux n’ayant pas le même rapport à la graphie, la lecture, qui semblait une solution évidente, n’est pas le remède miracle.

Deuxième solution : plus d’heures consacrées à l’enseignement
Leur nombre diminue depuis des décennies. Le temps passé à l’école a décru d’un tiers en un siècle et de nouvelles matières sont apparues (langues étrangères, informatique …) au détriment de l’orthographe qui, de plus, ne va pas en se simplifiant.
Même si son enseignement occupe encore beaucoup de temps, personne n’est satisfait du résultat.

Troisième solution : moins de dictées
Nos récents ministres (J-M. Blanquer, P. N’Diaye) ont toujours déclaré que « la dictée quotidienne devait devenir une réalité dans nos écoles primaires ». Mais la dictée n’améliore pas la compréhension.
On n’enseigne pas en faisant apparaître les fautes mais en montrant les règles. Jules Ferry, père fondateur de la démocratisation de l’école, en avait bien conscience : « à l’abus de dictées, il faut substituer un enseignement plus libre, plus vivant, plus substantiel ».

Quatrième solution : apprendre …
… le sens des mots, la grammaire pour construire une phrase … plutôt que des centaines de pièges orthographiques. Un grand nombre de techniques existent, qui s’éloignent des méthodes traditionnelles souvent inefficaces et décourageantes.
Elles poussent par exemple vers un enseignement plus explicite et une réflexion sur la nature des erreurs commises.

Cinquième solution : un correcteur d’orthographe
Au Québec, les étudiants en première année à l’université ne font pas de dictée mais apprennent à se servir du logiciel Antidote. Si on peut utiliser une calculatrice en maths, pourquoi pas un correcteur en lettres ?
Les situations de la vie privée ou professionnelles dans lesquelles nous ne pouvons utiliser de correcteur ont presque disparu.

Sixième solution : simplification …
– adapter la graphie à la prononciation
– écrire ognon, évènement …
supprimer les accents circonflexes
– systématiser les mots soudés : portemonnaies, comme portefeuille
– généraliser les pluriels enpour la plupart des noms composés : des après-midis
– rationaliser les consonnes doubles
– adopter une seule règle pour l’accord avec l’auxiliaire avoir
– passer du x au s pour les pluriels irréguliers

Cette nécessité est défendue par une partie de la communauté scientifique Mais le rythme doit être progressif pour éviter les modifications trop brusques et faciliter leur intégration par l’usage.

* Collection Tracts Gallimard, n° 49, mai 2023 / 3,90 €

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *