Le français ne connait pas de genre neutre. Il ne connait que le masculin et le féminin, mais certains noms sont invariables et désignent des individus des deux sexes (une personne). Mais le plus souvent, les noms vont par paire (une fille, un garçon). Comme nous allons le voir dans ce dernier article inspiré par la lecture de Le français va très bien, merci *, le français n’est pas en péril face à l’extension du féminin.
La féminisation des noms de métier
Au XVIIème siècle existaient les féminins, par exemple autrice pour une femme auteur avant que ces usages ne se perdent. Il faut attendre la fin du XXème siècle et l’ouverture aux femmes d’un certain nombre de professions pour que (ré)apparaisse une avocate ou une médecin.
L’Académie française s’y est farouchement opposée, jusqu’en 2019. Qu’importe ! La généralisation d’une mise au féminin par le suffixe (sculptrice), ajout d’un –e (agente) ou un article féminin (une ministre) s’est faite progressivement, d’abord au Québec et après 2000 en France.
Le masculin générique
Comme de nombreuses langues européennes, le français a tendance à utiliser le masculin pour un emploi générique et non spécifique (les habitants).
Son sens premier est de désigner un ou plusieurs hommes mais pour éviter ce suremploi du masculin, on cherche par tous les moyens, dans plusieurs langues occidentales depuis les années 80, des alternatives clairement génériques pour désigner des humains sans ambigüité quant à la mixité des sens.
L’écriture dite inclusive
Alors que jusqu’à la fin du XXème siècle, on ne choquait pas avec les parenthèses en écrivant, même dans le Journal Officiel, né(e) et domicilié(e), c’est tout différent lorsqu’on écrit les étudiant.e.s pour faire plus court que les étudiants et étudiantes.
Ces néographies, qui rendent la lecture moins fluide, du moins au début, se répandent mais sont controversées. Le Sénat vient d’en voter l’interdiction.
L’enseignement du masculin qui l’emporte
On accorde un nom masculin et un nom féminin au masculin (les garçons et les filles sont contents). Vaugelas le justifiait en argüant que le genre masculin est « le plus noble » !
Mais les linguistes ont montré qu’on peut accorder au féminin un adjectif qui suit une série de noms (des chants et des danses bretonnes) et qu’il est même obligatoire lorsqu’il est situé avant le nom (certaines régions et départements).
Les pronoms non genrés
Le français présente une incertitude de genre pour la plupart des pronoms personnels (je, tu, nous, vous) même si à la troisième personne, le genre est marqué (il, ils, elle, elles).
Le pronom iel, né au début du XXIème siècle, comme d’autres innovations récentes (ellui, celleux, toustes) permet de garder l’indétermination. Créé au départ pour désigner une personne non-binaire, iel évolue vers un emploi générique, surtout au pluriel (iel est allé au marché).
* Les linguistes associés, Collection Tracts Gallimard, n° 49, mai 2023 / 3,90 €