J’étais en train de me servir un whisky quand cette Grande Rousse est rentrée dans mon bureau sans frapper.
« Le PC est mort » me dit-elle d’une voix suave. Toujours la même rengaine, je l’avais déjà entendu 100 fois. …
Mais ma dernière bouteille et mon compte en banque étaient à sec … Je décidai de reprendre l’enquête.
Qui est ce mystérieux PC et qui l’a dézingué ? Quel est le nouveau parrain ? Et quelles sont les nouvelles règles à Digital City ? Ces questions tournaient en boucle dans ma tête ; je filochais la Rousse que j’avais délestée d’un chèque d’acompte qui allait me remettre à flot. Elle s’arrêta devant un immeuble derrière l’Etoile. Sur la porte, une inscription : BLADE.
Je m’approchai d’une fenêtre ouverte. 2 hommes parlaient en jouant au ping pong, leur conversation couvrait à peine le bruit de leurs échanges :
– « Il faut éliminer tous les ordinateurs ».
– « T’as raison, ils deviennent de plus en plus puissants mais mettre toujours plus de composants dans une boîte toujours plus petite, ça n’a pas de sens ».
– « L’avenir c’est le cloud, pour les données mais aussi pour le matériel ».
– « Comme ça, un écran suffit pour se connecter n’importe où ».
L’énigme restait entière : qui était ce fameux cloud ? Et qui se cachait derrière cette société écran ? Une seule chose était sûre, la ligne de vie du PC filait vers son terminus dans une petite boîte, direction les nuages.
Je rentrai au bureau, j’avais bien besoin d’un remontant. J’appelai mon indic favori, Guy Guelle, le seul capable de retrouver une aiguille dans une paire de bottes de foin. Il me mit au parfum : une nouvelle étoile brillait dans le ciel de Digital City : SHADOW, un petit boîtier sur lequel connecter écrans, espaces de stockage, accessoires et qui donne accès à un ordinateur haut de gamme déporté dans le cloud.
J’en grillais quelques unes pour tenter de m’affranchir : le cloud allait remplacer le PC et personne ne s’en rendait compte. Un assassinat 3.0 : pas de cadavre, pas de traces, pas d’arme. Mais alors à qui profite le crime ?
Je sentais bien que la Rousse à la voix suave m’avait joué un sale tour, je lui donnai rendez-vous dans le dernier bar de Digital City où je n’avais pas d’ardoise. Un double whisky et la promesse d’une fessée la mirent de bonne humeur. Je l’attirai dans la réserve, la ligotai avec ma cravate et lui déliai la langue avec le reste de la bouteille. Elle se mit à table sur laquelle je l’avais posée : « le secret de Shadow c’est de vendre des abonnements à partir de 29,95 €uros par mois, qui donnent accès à toutes les fonctions d’un ordinateur. Il suffit d’une connexion internet pour se connecter à une machine de guerre, dont la configuration évolue sans arrêt. Shadow est léger, silencieux, ne chauffe pas et consomme 10 fois moins d’électricité qu’un PC ».
Une bougie s’alluma dans ma tête comme une lueur dans le désert. Bien sûr … Il y avait un contrat, c’est pour cela qu’on avait refroidi le PC avec un ventilateur et même son mac n’avait rien pu faire. Mais je n’avais pas tapé mon dernier mot …
(à suivre)