Le 14 février, ce n’est pas seulement la Saint-Valentin … c’est aussi la journée internationale du burn out au travail ! La concomitance n’est pas si fortuite : le mécanisme hormonal et les neurotransmetteurs qui y sont associés présentent des similitudes entre le cerveau du burn out et celui de l’amoureux transi. De là à considérer le burn out comme une maladie d’amour ?
Existe-t-il un risque à être trop engagé dans son travail ?
Essayons de voir s’il existe des terrains « travaillomanes », susceptibles de produire des candidats privilégiés au burn out en raison d’un amour du travail irraisonné. Certes les facteurs premiers sont exogènes : stress dû à un surcroît de travail, mauvaise ambiance, conditions de travail dégradées entre autres …
Mais il ne serait-il pas également causé par un trop plein d’engagement pour son travail, un oubli de soi pour tout lui donner, dans une relation quasi exclusive ?
Donner du sens au travail ne doit pas être un enjeu identitaire
Il s’agit de ne pas se projeter dans cet « être aimé » professionnel au point de s’en oublier ou de se consumer totalement.
L’amour et le burn out rendent aveugles.
Matière grise et vie en rose
Les cerveaux d’une personne souffrant de burn out et d’une personne amoureuse souffrent de certains troubles neurologiques similaires. Certaines parties du cerveau sont en effet partiellement désactivées, comme le cortex préfrontal médian, qui joue un rôle dans le jugement critique.
Cet amour passionnel développe une forme de dépendance, voire d’addiction, reliée à l’ocytocine. Cette hormone de tous les attachements crée chez certains sujets souffrant de burn out une hypersensibilité qui déclenche une hyper empathie pour tout ce qui touche au travail.
Le travail devient un absolu fantasmé
Il suscite une dévotion « chevaleresque », avec la promesse de loyauté à toute épreuve. Comme pour la passion amoureuse, le burn out fait prendre conscience du décalage entre la valeur réelle de son travail et celle qui est idéalisée, comme l’amoureux qui se rend compte de son amour fantasmé.
Vouloir plus et toujours plus
Cet excès est relié à la dopamine, une autre hormone, présente dans les drogues les plus puissantes. Elle paralyse le système nerveux qui ne vit plus que pour l’activité professionnelle.
La rupture amoureuse est très proche du sevrage de la drogue. On éprouve donc le manque, que ressentent les drogués, cette espèce d’angoisse, de ralentissement, de vie triste, grise, sans saveur ni plaisir.
Du bien-être à l’être bien
On parle beaucoup du premier, plus rarement du second, qui nécessite des conditions optimales. Le burn out serait alors une maladie du « trop grand don de soi », comme l’affirme Boris Cyrulnik.
Il est donc nécessaire de comprendre les facteurs exogènes qui conduisent sur cette « pente amoureuse », qui peut mener à la « passion dévorante » et malsaine sur un plan professionnel. Et d’envisager le salarié, non pas seulement en termes de performance mais aussi d’adéquation avec son environnement.